ARYA & STEFAN

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Un grand bol d'air frais. C’est tout ce dont il avait besoin. Stefan respira profondément en sortant de l'immense bâtisse que représentait le pensionnat. Il était libre pour quelques heures, pour profiter de l'air frais de l’extérieur. Il n'en pouvait plus de rester enfermé durant d'interminables heures pour écouter parler un professeur sur un sujet qui ne l'intéressait qu'à moitié. Alors quand la cloche retentissait pour la dernière fois de la journée, c'était un grand soulagement pour toute l'école mais aussi et surtout pour le jeune Bradford. Depuis sa plus tendre enfance, il avait toujours préféré l'extérieur à l'intérieur. Rester enfermé entre quatre murs, très peu pour lui. Il lui fallait de l'air, une légère brise sur le visage et de quoi s'échapper en cas de problème majeur. Cela lui venait très certainement de sa claustrophobie incontrôlable. C'est pourquoi à la fin des cours, il avait pris l'habitude de se retrouver dans le parc jusqu’à ce que le dîner soit servi. Il y restait assis, ou il se promenait ici et là pour découvrir l'immense étendue verte. C'était un endroit tout à fait charmant, surtout quand on le comparait aux pierres grises de l'immeuble qui les accueillait. Seulement, le problème quand on vit en Angleterre, c'est le temps. En effet, capricieux, on ne pouvait pas vraiment savoir quand il allait faire beau et quand une averse allait nous tomber sur la tête. C'est ce que Stefan allait apprendre aujourd'hui à ses dépens. Car loin d'être orageux, le ciel ne présageait rien de mauvais pour cette fin de journée. Il n'était pas clair, parsemé de nuages mais qui ne semblaient pas véritablement dangereux dans l'immédiat. Et pourtant, le parc était quasiment désert. Comme si chaque élève avait pu prévoir ce qui allait se passer sauf lui. Mais il n'y prêta aucune réelle attention, qu'il y ait du monde dans le parc ou non lui importait peu. Il voyait déjà assez de personnes dans la journée, la solitude pouvait également l'apaiser, même si ce n’était pas toujours le cas. Il était sociable, sous cette apparence méfiance qui l’incitait à ne faire confiance à personne. Il aimait être entouré et pourtant, il pouvait compter ses amis sur les doigts d’une seule main. Alors quand il ne pouvait pas voir sa petite amie, quand son meilleur pote s’occupait à dévergonder les demoiselles du pensionnat, quand il n’était pas assez tard pour faire le mur et s’échapper avec une rebelle ou deux ou quand ce n’était pas suffisamment le week-end pour aller faire un tour en ville, il aimait se retrouver seul avec lui-même. Parler sans arrêt, avoir toujours quelque chose à dire, toujours donner son opinion sur tout et faire semblant d’être ami avec tout le monde, cela l’épuisait.

C'est pourquoi le jeune Bradford se retrouva à marcher, lentement, les mains dans ses poches, cherchant pour le moment le meilleur endroit pour enfreindre une fois de plus le règlement en allumant une cigarette. Car après une journée pareille, il en aurait bien besoin. Observant partout autour de lui, il vit qu'aucun surveillant ne faisait de ronde dehors, probablement en raison du peu d'élèves présents sur la pelouse verte. Aucun d'entre eux ne pouvait d'ailleurs le voir là où il s’était perché. Stefan aimait la hauteur, c’est pourquoi il se retrouva bien vite à grimper à un arbre pour dominer le parc. C’était son arbre, il l’avait adopté peu après son arrivée et il avait même déjà gravé ses initiales dessus. Fier de sa trouvaille, le jeune homme avait appris depuis longtemps à se trouver des endroits tranquilles et très reculés de l'établissement où il étudiait. De ce fait, il pouvait voir n'importe qui arriver, il pouvait anticiper ses gestes et même se cacher en montant plus haut. Agile tel un félin quand il s’agissait de la nature, il s’y sentait parfaitement à l’aise. Alors qu'il sortait une cigarette et son briquet, une goutte tomba non loin de lui sans qu'il ne s'en aperçoive. Le sort s'acharna puisqu'au moment d'allumer son briquet, une goutte tomba sur sa cigarette, l'éteignant par la même occasion. Il leva les yeux, espérant ne pas y trouver quelqu'un, perché plus haut que lui pour une mauvaise blague. Il n'était pas de bon ton de lui retirer son petit plaisir de la journée et d’envahir son espace. A peine eut-il le temps d'apercevoir ce nuage noir qui venait d'apparaître que sans prévenir à travers le feuillage de sa cachette,, une averse déferla sur tout le parc. Pas assez protégé par les feuilles pourtant épaisse de l’arbre, Stefan n’eut pas d’autre choix que de sauter rapidement pour se mettre à l’abri. Mais son saut était bien mal calculé, car précipité et une racine vint l’érafler tout en déchirant un côté de sa chemise. Mal réceptionné, il grimaça en retombant, ne s’en préoccupant pas pour courir aussi vite qu’il put pour échapper aux gouttes qui envahissaient tout le parc. Trop loin de la porte principale pour espérer l'atteindre avant d'être complètement immergé, Stefan se réfugia sous un vieil abri où ils semblaient entreposer le bois pour qu'il ne se mouille pas. Ses cheveux dégoulinaient très légèrement dans sa nuque et sa cigarette était complètement trempée. Il poussa un juron avant de la remettre dans sa poche, ainsi que son briquet. Il jeta un rapide coup d’œil à sa chemise et à la coupure que l’arbre lui avait faite et soupira de son idiotie. Il détourna la tête pour observer la pluie qui s'abattait à présent sur tout le parc, bien chanceux d'avoir trouvé cet abri à temps. Il avait l'impression d'être le seul à n'avoir pas vu venir cette violente averse qui empêchait désormais d'avoir une bonne vision à plusieurs mètres devant soi. Plus personne n'était dans le parc et il était prêt à parier que cela faisait un moment que ça durait. Mais trop absorbé par sa balade et sa cigarette, il n'avait pas vu le temps changer aussi rapidement. Il poussa un soupire, avec la forte impression que cela allait durer de longues minutes.

Froid. Frais. Glacial. Il faisait donc frais, dehors. Pas vraiment glacial, mais le vent s'infiltrait dans les mailles de mon polo. Maudits soient les entrainement de tennis dehors. Même si j'étais restée dehors après qu'ils soient finis... En effet, ils apportaient quelque chose de bien : la fin des cours, et, de plus, je préférais le tennis aux sports d'équipes pratiqués au pensionnat. Je n'étais pas de nature individualiste pourtant, mais les sports d'équipe ne me ravissaient points. Tennis, équitation, natation... c'était ce que je préférais, si l'ont me contraignait à faire du sport. Car malheureusement, shopping et lèche-vitrine n'étaient point des disciplines olympiques...
Dans tous les cas, je revenais de mes deux heures d'entrainement, et j'étais restée dans le parc. Il faisais frais, les nuages approchaient lentement, mais je n'en avais rien à faire. Quelques soient les caprices du temps, la distance ne pourrait pas être très longue à parcourir, si ? Et les risques étaient minimes, je ne risquais quasiment rien...
Bref. toujours était il que je me baladais en jupette et polo blanc Lacoste dans le parc de St Davis. Le blanc de ma tenue jurait avec le vert pomme de l'herbe et l'émeraude des arbres, et je suis quasiment sure qu'une photo prise maintenant aurait eu un rendu sublime. Mais personne ne se baladait avec son reflex, il me semble... Et non, je ne suis pas narcissique ou imbue de moi même. Je sais juste que certains moments sont propices à une photographie, je sais que je suis assez créatrice par nature et que ce que j'imagine puis réalise donne généralement un bon résultat.
Narcissique non, confiante en moi, oui.

Soudain, une goutte. Puis deux. Je levais la tête, les nuages étaient toujours gris clair. Ipso facto, cela ne pourrait pas devenir une grosse averse, tant mieux pour moi. Je n'avais pas non plus l'intention de rentrer dans ma chambre. C'était plein de saintes-nitouche qui ne pensaient qu'à ramener des bonnes notes à leurs parents et à prier avant de dormir. Sans moi, merci.
Je m'éloignais donc de plus en plus des grands bâtiments de briques rouges et m'enfonçais de plus en plus dans les arbres et me retrouvais prêt d'un bosquet qui réveilla quelques souvenirs... Oh John...
Et ainsi, je me plongeais encore plus dans mes pensées et autres souvenirs, si bien que je ne vis pas les nuages noircir et se rapprocher.
Puis éclata l’averse. J'étais à présent seule dans le parc et je devais me trouver un abris pronto. Je me mis à augmenter le rythme de mes pas, jusqu'à trottiner légèrement, lorsque mon pied accrocha une racine cachée dans les hautes herbes. Je me sentis basculer en avant et avant même d'avoir le temps de crier, de m'exclamer ou quoique ce soit, je me retrouvais étalée par terre, dans une flaque de boue. De blanche, j'étais devenue marron. Très glamour, n'est ce pas. Je ne m'attendais pas à ca, et le temps que je retrouve mes esprits, j'étais complètement trempée par la pluie qui s'avérait être de plus en plus puissante... Je me relevais, et une douleur me déchira la cheville droite. Je ne pensais pas m'être fait mal, mais pourtant. Je fronçais les sourcils et regardais, mais la cheville n'avait pas encore enflé ou quoique ce soit. Je me relevais, et, en boitillant, scrutais les bois en espérant trouver un abris, ou quelque chose s'en approchant. J'avais de la chance et apercevais un abris en bois, qui devrait suffire, pour cette averse en tout cas.
Je m'approchais et voyais que je n'étais pas seule. La silhouette m'était même connue.
Stefan.

J'avais longtemps essayé de le chercher pour lui parler, mais dès que je réussissais à le trouver, il parvenait à s'échapper. Depuis cette fameuse nuit, je n'avais pas pu lui adresser ne serait ce qu'une seule phrase. Je maudissais cette pluie, mais peut être qu'elle apporterait ses avantages. J'étais curieuse, je voulais savoir le pourquoi du comment de sa claustrophobie. Mais lui ne voulait rien dire, vu qu'il m'évitait. Je n'en avais parlé à personne, mais la curiosité me tuais à chaque fois que je l'apercevais. Serais ce aujourd'hui le bon jour ? It was worth a shot.

-Stefan. Cela fait longtemps, non ?

Je l'avais interpelé avec mon fameux sourire narquois sur les lèvres. Signe de malice et d'audace, pour une fois, et non pas de séduction. Je savais qu'il avais à présent une copine, je n'allais pas me risquer à faire comme la fois précédente, dans le placard. Ça n'avais pas très bien tourné, et si je comprenais pourquoi, je n'avais pour le moment pas l'intention de retenter une approche sur ce bord là... De toute manière, je voulais d'abord connaitre son secret.
Je rentrais sous l'abris, et me mis à ces côtés. J'avais froid, la boue m'avais frigorifiée. En parlant de boue... Je voyais bien que Stefan me regardais de manière étrange... Aussi, je décidais de couper court cette conversation là.

-Oui, je suis tombée dans la boue. Et oui, je suis trempée. Rien de grave. Qu'est ce que tu fais là, toi ?

Je me taisais sur le fait que j'avais froid et que je m'étais fait mal à la cheville, inutile qu'il sache tout les détail, je crois...

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« -Stefan. Cela fait longtemps, non ? » Interpellé, Stefan se retourna, constatant ainsi qu'il n'était plus seul sous l’abri où il avait trouvé refuge. Arya l'avait rejoint. La jeune femme était pleine de boue, marron de la tête au pied. Elle semblait, tout comme lui, s'être fait surprendre par l'averse qui venait de s'abattre sur l'école. Mais elle beaucoup plus que lui visiblement. Il arqua légèrement un sourcil en l'observant de haut en bas avant de dire. « Arya, en effet, bien trop longtemps... » Un sourire se coinça sur ses lèvres, tout ironique qu'il l'était. Arya savait très bien qu'il ne pensait pas un mot de ce qu'il venait de dire. Depuis la dernière fois où il s'étaient vus, Stefan avait tout fait pour éviter la jeune brune. Il avait redoublé d'idées pour ne pas se retrouver face à elle trop longtemps ou pour un tête à tête. Ainsi, sa remarque n'était qu'un jeu, une réponse à la sienne qui était tout aussi cynique. Il aimait bien certaines filles de l'école pour cela d'ailleurs. Leur répartie. Il jeta un dernier coup d'œil à sa tenue et surtout, à sa nouvelle couleur et un sourire se peignit malgré lui sur son visage, en coin.

« -Oui, je suis tombée dans la boue. Et oui, je suis trempée. Rien de grave. Qu'est-ce que tu fais là, toi ? »

Sans blague, il aurait pu le deviner aisément. Cependant, il se retrouva bien bête de n'avoir rien à lui proposer pour la réchauffer, il était également trempé et vêtue d'une simple chemise qui d'ailleurs était à présent déchirée sur le côté. Pas de quoi lui venir en aide sur ce coup-là. Il avait froid également mais n'en montrait rien, priant pour que l'averse leur laisse quelques minutes de répit pour courir vers le bâtiment et rejoindre l'intérieur bien chaud de l'établissement. Sans se départir pourtant de son sourire, tentant de paraître à l'aise avec elle, il répondit à sa question.

« Je crois que, tout comme pour toi, l'averse m'a surpris alors que je me baladais ... j'ai alors dû trouver un abri assez rapidement ... enfin, je regrette de ne pas être tombé dans une flaque, ça va très bien au teint apparemment. "
Oui il se moquait, mais c'était simplement pour détendre l'atmosphère, il n'était pas de nature moqueuse, il ne le faisait pas pour la rabaisser. Et il le lui montrait par son sourire. De plus, il ne se risquerait pas à la heurter, elle qui détenait l'un de ses secrets qu'il préférait lui-même oublier. Il se retourna quelques instants, même s'il lui suffisait de l'entendre pour savoir que l'averse était toujours battante. Elle ne semblait pas prête de s'enfuir comme ça. Et il grinçait déjà des dents à l’idée de rester coincé avec Arya sous cet abri de bois. L’atmosphère était humide et l’odeur pas franchement accueillante. Voilà la seconde fois qu’ils se retrouvaient dans une position délicate tous les deux. Même si cette fois, Stefan ne risquait pas de faire de crise de panique et tout défoncer sur son passage. Il n’avait pas envie d’évoquer l’incident de la dernière fois dans le placard, ni même d’y faire la moindre allusion. Il espérait simplement qu’Arya respecterait cela. Même s’il était beau de rêver pour le moment. Il décida alors de prendre place aux côtés d’Arya. De toute façon, ils étaient coincés, autant se mettre un minimum à l’aise. Il n’allait pas rester debout durant les minutes que pourraient durer cette averse.

« Il ne faudrait pas que cela dure très longtemps. Trempés comme ça, on va finir par mourir de froid. On pourrait toujours se risquer à partir en courant, au moins une fois à l’intérieur on pourra toujours se réchauffer rapidement. Tant pis si les surveillants y trouvent à redire. »

Il y pensait depuis qu’il avait rejoint l’abri. Rentrer maintenant revenait à rentrer complètement trempés, de la tête aux pieds dans l’école. Ce qui serait forcément mal vue par le corps enseignant. Mais ils ne pourraient pas rester des heures ici, trempés et pleins de bout pour certain. Surtout que Stefan était légèrement éraflé à la hanche, sa chemise déchirée laissait passer l’air glacial qui avait accompagné la pluie. Et la demoiselle n’était pas dans un meilleur état puisqu’elle était mouillée et pleine de bout. Bien que plus ou moins couverte à la base. Ils n’avaient pas de chance, décidément. Surtout que Stefan ignorait que la demoiselle était blessée à la cheville, ce qui rendrait son projet nul si elle le lui disait. Ils étaient beaux tous les deux, trempés, blessés et en plus avec une certaine conversation en suspens qu’une fois de plus, Stefan essayait d’éviter à tout prix. C’était presque la première raison de sa proposition, même si ses autres raisons étaient toutes aussi valables. Il ne tenait pas à laisser Arya profiter de cette malchance entre eux. Il espérait simplement qu’elle oublierait sa curiosité pour se concentrer sur leur situation préoccupante.