« Wow, tu fais quoi là ? Tu crois vraiment que tu vas pouvoir fumer ton pétard tranquille dans les chiottes et que je vais rien te dire ? Allez, hop hop hop, Keana. Tu me le donnes tout de suite. » Elle lève la tête vers moi, complètement... blasée ? Ouais, c'est ça que je vois sur son visage. La naine a dix-sept ans et elle pense qu'elle va pouvoir me regarder avec cet air-là et continuer à fumer son bédo tranquille. Sans déconner, elle m'a pris pour un pigeon ? « Pourquoi ? T'as envie de le fumer ? » Je m'approche de ma petite-sœur qui tente de prendre son air de sainte/innocent. Je lui souris et attrape son joint avant de l'écraser au sol. Elle ouvre de grands yeux et me fous un coup dans l'épaule. En fait, je suis devenu surveillant ici surtout pour la surveiller et l'emmerder. Emmerder mon monde en général quoi. Puis finalement, ça me plait bien. Au départ, j'ai envoyé Keana ici, parce que j'avais pas envie qu'elle fasse autant d'activité que moi, c'est-à-dire : que dalle. Je voulais qu'elle vive, pas qu'elle foute rien et qu'elle ait pas d'avenir. Nos parents sont morts dans un accident de voiture, il y a sept ans. J'avais dix-neuf ans et Keana, dix. À ce moment-là, j'étais paumé. Je me suis retrouvé à l'avoir sous ma garde, parce que j'étais majeur et que j'étais son grand-frère. Je savais pas comment je pouvais m'occuper d'elle, même si je tentais toujours de la protéger un maximum. On a neuf ans d'écart, elle et moi, et même si je le montre pas ou que j'évite de le montrer, Keana, je serais capable de faire n'importe quoi pour elle. « Tu ferais mieux de retourner en cours, parce que si ça avait été un autre surveillant, tu serais déjà dans le bureau du directeur. Alors casse-toi et plus vite que ça. » Je suis sérieux. Je suis beaucoup trop gentil avec cette petite. Et c'est clair que si elle était tombée sur quelqu'un d'autre, elle aurait pris cher. Surement que moi aussi par la même occasion, parce que c'est moi qui l'ai élevé jusqu'à ses seize ans, c'est-à-dire avant qu'elle arrive dans cette école. Mais je pouvais pas non plus être h24 derrière elle. J'ai fait un tas de sacrifices pour elle, et elle s'en rendra surement jamais compte, mais ça me dérange pas. Tant qu'elle fait pas trop de conneries. Et qu'elle reste sérieuse, tout du moins, autant qu'un Heymes puisse l'être. Elle m'embrasse sur la joue avec un grand sourire, surement parce que j'l'ai pas engueulé assez, avant de partir. Je dirais bien qu'elle m'emmerde et que je la déteste, mais c'est pas le cas, elle tente juste de suivre mon exemple, qu'elle devrait s'abstenir de suivre d'ailleurs.

« Annie, pourquoi tu prends cet air-là ? » Je la regarde, évitant de rire face à sa tête de sainte Nitouche. Comme si cette fille-là avait vraiment quelque chose de saint en elle. Comme si moi, je pouvais dire que j'étais toujours puceau. Alors que je le suis plus depuis quoi ? Depuis que j'ai quinze ans. Ouais, surement un truc dans ces eaux-là. « Mais de quel air tu parles, Heymes ? » Elle se retourne vers moi, me faisant un fake smile que je lui rends, prenant un air innocent. Même si je l'avouerais pas, cette fille m'allume. Elle l'a déjà fait pour de vrai en plus, mais elle m'a planté avant qu'on fasse quoi que ce soit de concret. Merde, ça m'a rendu dingue, mais je l'ai pas montré. Et depuis toujours, je m'amuse à l'emmerder, ça n'a fait qu'empirer la situation, surtout pour elle en fait, mais elle me le rend plutôt bien. « Ton air de sainte, tu sais, celui que tu fais en présence des profs et de la directrice... mais on sait très bien que t'es plutôt... tout le contraire ? » Elle penche la tête en se rapprochant de moi, avec un sourire de connasse qui prépare un truc. Cette fille, elle m'emmerde, vraiment hein, mais d'un autre côté... putain, ce qu'elle est chaude. Elle pose une de ses mains sur mon torse et je prends son bras en l'attirant dans une salle de cours vide qui se trouve à côté. Je la plaque contre le mur une fois à l'intérieur, approchant mon visage du sien pour mieux entendre ce qu'elle a à me répondre. « Est-ce que t'es indirectement entrain de me traiter de salope ? Parce que, tu vois, si on part sur ce terrain-là... t'es pas mieux que moi, mon chou. Oh et appelle-moi encore une seule fois Annie et je te castre à force de coups de pied dans les couilles, compris ? » Je souris, alors qu'elle me pousse en posant ses mains sur mes épaules. Elle s'apprête à sortir, mais j'entoure sa taille avec mes bras et colle mon torse à son dos. Je pose mon menton sur son épaule et continue de sourire. Je sais parfaitement qu'elle déteste quand je l'appelle Annie, mais juste pour voir sa tronche à chaque fois, ça vaut le coup de vivre sous la menace. Puis, elle oserait pas me castrer, elle rêve trop de cette chose-là pour oser. Et puis, c'est beaucoup trop précieux. « Moi ? Te traiter de salope ? Non, j'oserais pas. » que je commence, avec un peu de sarcasme dans la voix. « Et puis, t'aurais pas le courage de me castrer, t'es pas aussi suicidaire. Te resterait plus qu'à faire des trucs toute seule dans ton pieu en pensant à ce que t'aurais tué. Tu pourrais pas vivre avec ça sur la conscience, Annie. » que je lui dis, avant de me décoller d'elle, de poser un baiser sur son front et de sortir avant qu'elle décide de me courir après avec des ciseaux.

Spoiler: