Les rayons de soleil se posèrent sur mon visage et il ne fallut que quelques milliers de secondes pour que cela me sorte des tendres bras de Morphée. J’ouvrai les yeux doucement et profita pour regarder autour de moi. Adrian était encore dans un profond sommeil, la tête posé contre la vitre du 4 x 4 dernier cri et un filet de bave coulant de ses lèvres. J’esquissai un sourire devant cette vue et silencieuse, j’observai le paysage de Manchester que l’on regagnait enfin. Le week-end des Fawkes avait été consacré à se rendre à Londres, pour le travail de papa et maman, et nous étions plutôt heureux mon frère et moi de regagner la maison. C’était toujours très ennuyant, le travail de papa et maman, mais c’était important pour eux, alors on est constamment obligé de les suivre partout où ils vont. Nous n’étions que des enfants, après tout. Je ne sais pas réellement ce que j’aurais du faire à ce moment, probablement que je n’aurais rien pu faire pour nous sauver mais j’ai toujours eu l’impression que c’était de ma faute. Je voyais ce camion arriver droit sur nous à une vitesse affolante, mais je n’ai rien dit. Je ne pouvais pas. Je n’arrivais pas. Mes membres étaient figés et bien que j’avais envie de crier aucun son n’arrivait à sortir de ma bouche. Je ne comprenais plus rien de ce qui se passait. Je jetai des regards affolés dans tout les sens, n’arrivant plus à parler, des larmes coulant sur la joue mais personne ne le voyait. Personne ne voyait rien. Adrian dormait, maman était plongé dans la lecture d’un magasine politique et papa conduisait la voiture en chantonnant d’un air joyeux les paroles de la chanson qui passait à ce moment à la radio. Personne ne voyait pas ce qui était entrain de passer. Ils n’avaient pas vu la mort arriver sur eux à toute vitesse. Mais moi, j’avais tout vu. Tout. Quelques secondes plus tard, le camion nous touchait de plein fouet ce qui provoqua un bruit strident, puis plus rien. Je n’entendais plus rien, je crois que j’étais devenue sourde. Il y avait tellement de bruit que je n’arrivais plus à l’entendre. Peu à peu, je ne vis plus rien non plus, et je sombrai.

Il faisait nuit dehors. Je n’osai pas bouger, ne sachant pas réellement ce qui m’arriverait si je tentais quelque chose. J’observai les étoiles au dehors tandis que des larmes perlaient sur mes joues trempées. J’étais allongée dans un lit d’hôpital, je le savais parce que j’étais déjà venue voir un ami à l’hôpital avec maman, il y a quelques années. J’avais peur, très peur. Je crois que j’avais tellement mal partout qu’au final je ne sentais presque plus rien. La douleur la plus forte était celle que j’avais au fond de moi, au cœur.

Une femme métisse s’approchait de moi, avec une blouse d’infirmière et un petit truc sur la tête dont je ne connaissais pas le nom. Elle me souriait. La première chose que je demandai était de voir mes parents, elle paru gênée et ne répondit pas, continuant de me sourire comme si elle était bête. « Tu ne peux pas voir tes parents pour le moment … Je suis désolée. » J’avais envie de demander pourquoi, mais je m’abstins. Je savais pertinemment au fond de moi pourquoi je ne pouvais pas les voir. Je n’avais peut-être que treize ans, mais j’étais assez intelligente pour me douter que je ne les reverrai probablement jamais. Après un peu plus d'une semaine, on m'emmena vers la chambre où était mon frère. Voir qu'il avait survécu m'avait rendu tellement heureuse. Il dormait, on m'apprit qu'il dormait depuis l'accident. Il était dans le coma. J'espérais sincèrement qu'il se réveillerait. Je du attendre trois jours de plus avant que cela n'arrive.

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